Sur scène, deux orchestres de cordes tissent un dialogue musical en faisant se rencontrer la musique de Vivaldi et celle de Piazzola.
Deux orchestres donc, deux compositeurs, deux époques, deux visions du cycle des saisons. Et si la cohérence de la proposition musicale est évidente, il y a quelque chose d’inhabituel dans cette double présence scénique.
C’est cette situation de départ que j’ai choisi de creuser en imaginant la rencontre entre deux univers distincts.
Si l’orchestre Vivaldi respecte (presque) les codes et conventions du concert, l’orchestre Piazzola semble sortir des pages d’un livre de Borges ou de Cortazar, amenant avec lui la décontraction, l’ironie, l’élégance et la nostalgie des faubourgs de Buenos Aires.
Au fil des saisons, une relation se crée, émaillée de découvertes, de défis, de curiosité et de complicité.
C’est autour des deux solistes que se cristallise cette rencontre qui prend parfois les aspects d’une joute amoureuse, faite de séduction et de rivalité, de résistance et d’abandon.
Cette histoire sans parole se raconte en musique évidemment, dans un espace réinventé par une scénographie légère. Mais il m’importe avant tout de créer un cadre pour que les interprètes puissent incarner cet imaginaire. Jeux de regards et d’écoute, façons d’occuper l’espace, manière de faire corps avec son instrument ou son ensemble, tous ces éléments font déjà partie du bagage d’un musicien d’orchestre. Il s’agit de leur donner une visibilité, une direction, pour retrouver autrement la conviction qu’un concert n’est pas qu’un plaisir de l’oreille mais un plaisir total qui convoque nos sens et notre imaginaire.
Création Orchestre National d’Ile de France (2014). Conception et mise en scène : Lionel Rougerie. Scénographie : Lionel Rougerie et Satu Peltoniemi. Costumes : Satu Peltoniemi. Mise en jeu des solistes et participation des musiciens. Lumières : Bernard Espinasse. Programme : Vivaldi – Quatre saisons, Piazzola – Quatre saisons à Buenos Aires.